L’interview green d’Anthony Molet, CEO de Davines

Par Berenice, le

 Tribu-te est allé à la rencontre d’Anthony Molet qui a récemment pris ses fonctions de CEO pour Davines. Il revient sur son parcours et nous explique les nouveaux enjeux de la marque qui reste fidèle à son ADN, green et engagé.

Anthony, racontez-nous votre parcours ?
J’avais 20 ans et j’ai fait un stage en entreprise au sein d’un groupe français de produits cosmétiques. Je suis resté 10 ans dans leur filiale à New York. En 2008, j’ai intégré la filiale de Davines aux États-Unis et j’en suis devenu le responsable. Quand je suis arrivé, celle-ci enregistrait un chiffre d’affaires de 12 millions de dollars. Et cette année, la filiale new-yorkaise capitalise près de 80 millions. Une superbe expérience ! Quand l’ancien CEO Paolo Braguzzi a quitté son rôle tout en restant dans le conseil d’administration, j’ai été flatté d’être choisi. J’ai pris mes fonctions le 1emai 2021.

Quelle est la philosophie du groupe sur le « green » ?
Nous étions « sustainable » avant que cela devienne « fashionable ». « Sustainable Beauty » est la devise de notre marque depuis 2005 et la valeur sur laquelle Davines a depuis toujours fondé son succès. Je suis ravi de voir ce mouvement gagner nombreux de nos concurrents. Plus on est, mieux c’est pour la planète.
Nous essayons toujours de maintenir notre avance. D’ailleurs, le Davines Village deviendra la branche européenne du Rodale Institute, une organisation américaine à but non lucratif, pionnière dans la recherche sur l’agriculture régénérative. Cette initiative prévoit l’aménagement d’une superficie de 10 hectares en terrain d’agriculture biologique régénérative ainsi que la création d’un centre de recherche et formation. Nous allons mettre ces terres à leur service pour que celles-ci deviennent leur ferme pour l’Europe : un laboratoire pour montrer aux agriculteurs européens comment on peut respecter le sol avec des rendements satisfaisants.

Davines est labélisé B Corp. Pouvez-vous nous expliquer ?
Depuis décembre 2016, nous avons été certifiés B Corp, un mouvement qui appréhende le business comme une force positive en mesure de générer du profit et créer un impact vertueux sur les personnes et l’environnement. L’idée est d’utiliser nos forces, nos revenus et une partie de nos profits au service de la planète.

Qu’est-ce que Davines apporte aux salons pour les aider à devenir « green » ?
Toutes nos communications influencent les salons de coiffure. Nous leur offrons des cours de « sustainability ». À cet effet, nous avons lancé un programme de certification pour rendre les salons de coiffure plus éco-responsables au quotidien. Un label est d’ailleurs en cours de réalisation.
En plus de cela, nous avons un partenariat aux États-Unis avec Green Circle Salons, en charge de recycler tous les déchets professionnels des salons de coiffure. Nous souhaitons les implanter en Europe afin d’aider les salons à se positionner comme salon vert. Les études le prouvent : les consommateurs sont prêts à payer plus si leurs achats ont un sens pour la planète. On éduque nos clients en les poussant à rendre leurs produits achetés sur Internet, en salon, afin de les faire recycler.
Je suis confiant et optimiste sur le futur de notre planète. Nous avons déjà lancé en Italie un projet éducatif auprès des enfants en les sensibilisant sur l’importance de la durabilité. Nous avons débuté en France, depuis septembre 2020, le processus pour devenir « une entreprise à mission ».

Olivier Norek écrit : « L’écologie, sans révolution, c’est du jardinage ! ». Qu’en pensez-vous ?
Je suis assez d’accord avec lui. On ne peut pas attendre des gouvernements de faire cette révolution. Elle doit venir des entreprises et de la population. Encore une fois, je reste confiant et optimiste. Je vois des sociétés qu’on ne soupçonnait pas, qui écoutent, s’informent et s’améliorent.
Il faut que tout le monde s’y mette, même si ce ne sera jamais parfait. Aujourd’hui, la culture animale est responsable d’une grosse partie d’émission de CO2. Nous ne recommandons pas d’être végétarien. Il faut juste faire attention à notre consommation de viande. Je dirais qu’il s’agit plus d’éducation que de révolution. Beaucoup de gens sont prêts à contribuer, mais ils ne savent pas comment faire.
Davines est une entreprise carboneutre depuis 2018, car elle a atteint un état d’équilibre entre les émissions produites et les émissions évitées et/ou éliminées de l’atmosphère. En 2019, nous avons pris l’engagement d’atteindre l’objectif Zéro émission nette d’ici 2030 en nous joignant aux efforts des autres 800 B Corps dans le monde. Pour atteindre l’objectif Zéro émission nette, Davines devra également s’attaquer aux émissions indirectement liées à son activité. C’est là que l’aide de tout le monde est cruciale, car la phase d’utilisation – en salon et à domicile – est la plus grande source d’émissions indirectes sur les émissions totales.

Comment voyez-vous le salon de coiffure dans 10 ans ?
Je crois qu’il ne changera pas beaucoup. En 30 ans, il n’a pas non plus beaucoup évolué. Les changement et comportements que j’aimerais voir : laver les serviettes à l’eau froide, recycler les produits et déchets. À part cela, il n’y a rien d’autre à changer.
Notre industrie a toujours été résistante. Le Covid a transformé la vie des coiffeurs, mais très peu ont fermé et nombreux sont ceux qui rebondissent de manière fulgurante. Pour près de 70 % de gens qui vont au salon, on ne leur demande pas s’ils ont besoin de produits à la maison. Or il appartient au coiffeur de prescrire les bons produits. Ce sont des informations qu’on ne trouve pas sur Internet. Il ne faut pas qu’ils oublient leur puissance.

Pour en savoir plus : https://www.davines.com