L’art de la coiffure au château de Marly

Par Berenice, le

À découvrir absolument : « Séduction et Pouvoir. L’art de s’apprêter à la cour ». Cette exposition, outre son emplacement de rêve au Musée du Domaine royal de Marly, présente accessoires et coiffures historiques. Autant d’indices des moeurs et cultures des XVIIe et XVIIIe siècles.

Entre les règnes de Louis XIV et de Louis XVI, Versailles puis Paris se disputent le titre de capitale de la mode. Le roi et la noblesse rivalisent d’élégance pour assoir leur suprématie. Forte de ce contexte, l’exposition présente des centaines d’objets. Coiffes, perruques, maquillage, parfums, ornements du vêtement, bijoux, objets de galanterie et chaussures recueillent au mieux l’essence des siècles écoulés. Cet événement fait aussi revivre le domaine et le château de Marly, ce chef-d’œuvre architectural du XVIIe siècle.

Le retour progressif au naturel

Sous l’Ancien Régime, la noblesse se passionne pour les accessoires de mode et de beauté afin de porter aux yeux de tous leur audace et leur distinction. Broderies, dentelles et rubans ornent leurs vêtements. Cette culture du paraître s’accompagne d’une parfaite maîtrise de soi et des expressions du visage. Fards, poudres, mouches et parfums concourent à une monotonie d’apparence. Au cours du XVIIIe siècle, les perruques et fards laissent peu à peu la place au naturel. L’exposition comprend également une dimension sensorielle. Vous pourrez y sentir trois parfums caractéristiques des règnes des souverains ayant séjourné à Marly.

La quête de la perfection

La coiffure est présente tout au long du parcours par des références aux cheveux, à l’art de la perruque, mais aussi à la confection d’éléments de dentelle, de bonnets ou de chapeaux. En 1786, le Cabinet des modes, la presse mode de l’Ancien Régime, explique ainsi : « Sous le beau siècle de Louis XIV, la coiffure devint un art ; cet art s’est perfectionné sous Louis XV, et l’on pourrait dire qu’il est parfait sous le règne de Louis XVI. Nos marchandes de modes feront honte aux siècles passés et aux siècles futurs, qui dégénéreront nécessairement, parce que tel est le sort de ce qui est parvenu à la perfection ».

De véritables édifices

Les coiffures montées, véritables édifices, sont inventés sous la Régence (1715-1723). La tendance s’accentue avec l’arrivée de la célèbre marchande de modes, Rose Bertin, dans l’entourage de Marie-Antoinette. La reine en fait sa « Ministre des modes ». Les mélanges de chapeaux et de coiffures en cheveux sont caractéristiques de toute l’époque prérévolutionnaire. Elles résultent des créations conjuguées de modistes et de coiffeurs à l’imagination sans limite. Ces coiffures architecturales sont surnommées « pouf ».

Le sacre du pouf

Lancée dès 1774, cette nouvelle coiffure est créée par le célèbre coiffeur Léonard-Alexis Autié, dit Monsieur Léonard. Marie-Antoinette la porte pour le sacre de son époux Louis XVI, le 11 juin 1775. Le pouf brille par son extravagance. Cette coiffure verticale se caractérise par une accumulation de différents objets ornementaux : fleurs, fruits, légumes, oiseaux empaillés, plumes, perles, et figurines diverses. On fixe les cheveux grâce à une structure en métal. On y ajoute tissus, morceaux de gaze et de crins, ainsi que de faux cheveux mélangés aux véritables cheveux de la cliente. L’ensemble peut dépasser un mètre de hauteur et atteindre plusieurs kilos !

On ajoute bientôt à ces coiffures des chapeaux dont la mode vient d’Angleterre. Le « pouf » donnera son nom générique à l’ensemble de ces parures capillaires. La combinaison de chapeaux et de coiffures en cheveux se présentent sous des formes de plus en plus nombreuses et extravagantes à la veille de la Révolution. On répertorie près de 200 noms de « bonnets » (coiffures en chapeaux) différents.

 

exposition coiffure

Coiffe alsacienne, 2e moitié du XVIIIe siècle : tissu lamé or, fil et dentelle d’or, clinquant or, paillons dorés, lin, découpes en papier métallique. Versailles, collection particulière © Thierry Malty – Anne Camilli & Cie

Exposition coiffure

Charles-Germain de Saint-Aubin (1721-1786) (attribué à). Figure de mode : dame en robe de cour. © Les Arts Décoratifs

Jean Florent Defraine (Paris, actif en 1754) et A.-B. Duhamel (1736? – après 1800). Études de coiffes et coiffures, détail. Droits réservés

Coiffe, 2e moitié du XVIIIe siècle : dentelle au fuseau de lin ou de coton, ruban de soie. Versailles, collection particulière
© Thierry Malty – Anne Camilli & Cie

Pour en savoir plus : /musee-domaine-marly.fr
Autre exposition à découvrir : « Des cheveux et des poils », l’exposition incontournable !