Après les poils à la Samaritaine, allez voir au Musée des Arts décoratifs l’exposition sensationnelle « Des cheveux et des poils ». Wella en est le partenaire principal. Qu’elle soit la représentation d’une mode, d’une contestation ou d’une conviction, la pilosité a été le vecteur d’une multiplicité de sens au cours des siècles. Passionnant !
Un parcours riche et foisonnant attend les visiteurs. Plus de 600 œuvres sont réunies pour traiter de l’évolution des cheveux et des poils au cours des siècles. Les plus anciennes datent du XVe siècle.
Le siècle le plus poilu
Si jusqu’au Moyen Âge, le glabre est préféré, les poils reviennent vers 1520. Ils sont signes de virilité et symbolisent l’esprit guerrier. Seuls les hommes de cour arborent un visage imberbe et se parent de perruques. Chez les femmes, le port du voile laisse peu à peu place aux coiffures les plus extravagantes. Citons au XVIIe siècle, la coiffure à « l’hurluberlu » (chère à Madame de Sévigné) et « à la Fontange » (d’après le nom de la maîtresse de Louis XIV). Et à votre avis, quel a été le siècle le plus poilu de l’histoire ? Apparemment, nous apprend l’exposition, ce serait le XIXe avec ses moustaches, barbes et favoris. Pour preuve, la multitude de petits objets qui font leur apparition pour en prendre soin.
Des cheveux et des poils, attributs de l’animal
Ce sujet est traité non seulement d’un point de vue historique, mais aussi via les représentations et les témoignages écrits. La peinture ancienne exhibe très rarement la pilosité. Son absence est le propre du corps antique idéalisé. Au contraire, sa présence fait le lien vers la bestialité et la trivialité. On l’observe sur les portraits de sportifs virils, mais aussi dans les illustrations érotiques et les gravures médicales. En 2001, le calendrier des Dieux du Stade montre des sportifs à la pilosité maîtrisée.
Le symbole des couleurs
L’atmosphère de l’exposition privilégie les teintes blondes, brunes et rousses, les plus représentatives de nos chevelures. Le blond rappelle les femmes et l’enfance. Le roux est la couleur de la muse, mais aussi de manière plus controversée, des sorcières et des femmes de mauvaise vie. Le brun, quant à lui, fait écho au caractère volcanique des femmes méditerranéennes. Mais les couleurs artificielles ne sont pas oubliées. L’exposition met en valeur le travail d’Alexis Ferrer qui réalise des impressions digitales sur cheveux.
La coiffure de nos jours
Mise en lumière également de la haute coiffure qui naît en 1945 et de son lien étroit avec la mode. Les créations de Sam McKnight, Nicolas Jurnjack ou Charlie Le Mindu ponctuent le trajet des visiteurs qui se laisseront impressionner par des coiffures extraordinaires portées sur les défilés ou par les stars du show-business. Les XX et XIe siècles clôturent une exposition foisonnante qui revient sur les grandes coiffures iconiques modernes : depuis le chignon 1900 jusqu’à la tendance actuelle du nappy hair qui laisse le cheveu naturel reprendre ses droits.
Bref ! Encore plein de choses à apprendre. Vraiment courez-y !
Exposition au Musée des Arts décoratifs jusqu’au 17 septembre 2023.